AFP: Les vanités invitées à la Fondation Bergé-Saint Laurent

PARIS — Compositions allégoriques rappelant la destinée mortelle de l'homme, les vanités sont à l'honneur jusqu'au 19 septembre à la Fondation Bergé-Saint Laurent (YSL) à Paris à l'occasion d'une exposition réunissant 70 oeuvres.

Depuis février et jusqu'au 28 juin, le musée Maillol, à Paris, s'est lui aussi intéressé aux vanités, de retour en grâce comme de nouveaux oracles que l'on interroge.

Mises en valeur dans une scénographie en résonance entraînant le visiteur dans la méditation, des peintures, sculptures, photographies et vidéos signées Giacometti, Man Ray, Mapplethorpe, mais aussi d'artistes du XVIIIe des Ecoles du Nord dont Philippe de Champaigne, Nicolas Régnier et Luttichuys, composent cet événement intitulé : "Vanité. Mort, que me veux-tu ?".

L'expert Alain Tapié, commissaire de l'exposition qui se tient dans les salons de la Fondation Bergé-Saint Laurent, avenue Marceau, a défini deux axes de lecture : la figure et l'objet, évoquant tour à tour les âges de la vie, la beauté et le dépouillement, le temps, le plaisir, le pouvoir et les richesses et le vain savoir, dans une confrontation d'oeuvres anciennes et récentes.

Pierre Bergé dévoile à cette occasion une partie de sa collection privée de "memento mori" ("souviens-toi que tu mourras"), vanités miniatures suscitant à la fois fascination et terreur, notamment des crânes humains sculptés dans l'ivoire ou les bois fruitiers.

"C'est un jardin secret. Il y a très longtemps que je m'intéresse à ce thème. J'ai conservé ces vanités dans ma chambre et je n'ai pas souhaité les vendre. C'est très sain de se réveiller sur les notions de vie et de mort, sur notre état éphémère et transitoire, a confié à l'AFP Pierre Bergé. De toutes les époques, dans tous les pays, le sujet de la vanité et des +memento mori+ est inépuisable et fascine les artistes".

L'oeuvre de Toulouse-Lautrec, "La Tauromachie", où les crânes du taureau et du torero sont représentés côte-à-côte, a été prêtée le temps de l'exposition par son actuel propriétaire. L'oeuvre a longtemps fait partie de la collection Bergé-Saint Laurent, récemment dispersée.

"Le thème de la vanité appartient au monde des allégories qu'il s'agit d'interpréter, ne pouvant être comprises directement. Penser la mort, réfléchir à la vanité des biens de ce monde, mettre à l'épreuve la volonté du dépouillement devant l'image séductrice de la richesse, ce sont là des projets forts pour l'humanité, que l'Église voulait promouvoir par les vanités", rappelle Alain Tapié.

Pour l'expert, le thème de la vanité recouvre un ensemble riche, vaste et complexe de représentations susceptibles d'inciter les non-croyants à la méditation.

("Vanité. Mort, que me veux-tu ?"; Fondation Bergé-Saint Laurent; jusqu'au 19 septembre; du mardi au dimanche; 3, rue Léonce-Reynaud, Paris, 16e.

(Catalogue de l'exposition aux Editions de la Martinière)

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